Création à Paris – Théâtre Fontaine
(3 nominations aux Molières) (1998)
Mise en scène Patrice Kerbrat
Décors Edouard Laug, costumes Valérie Delafosse.
Avec : Anne Brochet, Gad Elmaleh, Caroline Sihol, Jean-Philippe Ecoffey.
Dans un couple, est-il nécessaire de toujours se dire la vérité ? Lorsqu’un mari ordonne à sa femme « Ne mens pas, dis-moi tout », ne prend-il pas un risque démesure ? Si le mensonge est odieux, la vérité est souvent insupportable. En amour, les maniaques de la franchise l’apprennent à leurs dépens : faute avouée est rarement pardonnée.
Il faut dire que les quatre personnages de cette comédie vont au-devant des ennuis : A est amoureux de B, puis s’éprend de C, alors que D a épousé C, qu’elle quittera pour A, et que D nouera une liaison avec B… C’est compliqué, compliqué comme la vie. Mais c’est aussi particulièrement bien observé. Et tendre. Et drôle.
Oh, bien sûr… on a déjà entendu, au théâtre, ces dialogues terriblement modernes issus d’un langage calé dans son époque, un peu « mode », qui, sans doute, dans une cinquantaine d’années, semblera démodé au dernier degré. Il n’empêche : au jour d’aujourd’hui, on s’amuse beaucoup, et tant pis pour une aléatoire postérité. On éprouve le même plaisir que devant les spectacles de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui ( Cuisine et dépendances, Un air de famille ) auxquels la pièce de Patrick Marber s’apparent un peu : tous ces acteurs ont été nourris a la même Blédine. En plus celui-là est né à Londres : il manie donc le temps, l’action et le lieu comme seul un Anglais sait le faire. En y ajoutant les possibilités modernes d’Internet, avec le vocabulaire cru et direct employé entre eux par les correspondants. Puisqu’il est beaucoup question de vérité dans cette pièce, qui oserait nier que tout intemaute n’a pas un peu navigué, un jour ou l’autre, dans les pages roses de l’ordinateur?
Dirigés avec intelligence et tendresse par Patrice Kerbrat, les quatre comédiens rivalisent de talent : Jean-Philippe Ecoffey (par moments bouleversant), Anne Brochet, Caroline Sihol et Gad Elmaleh. Tous les quatre sont drôles et émouvants.
Une soirée plaisante, légère et un peu grave. On ne rencontre pas cela tous les soirs !